Le Bembeya Jazz – Notre Fierté Nationale

Written by on 12/04/2020

Le Bembeya Jazz est un groupe de musique guinéen créé le 15 Avril 1961, dans la ville de Beyla (Région de N’Zérékoré), avec le parrainage du gouverneur de région de l’époque, Émile Condé. Le groupe s’appelait à sa fondation l’Orchestre de Beyla, avant de se renommer Bembeya Jazz, en référence à la rivière qui traverse sa ville d’origine. Son style musical prend sa source dans la musique mandingue, enrichie d’influences extérieures telles que le jazz et la salsa cubaine. Le Bembeya Jazz a créé son propre style musical, totalement électrique, dans le genre musical appelé Afropop. Au lieu des instruments traditionnels, on retrouve plutôt des guitares électriques, une batterie, des percussions et une section de cuivres. L’esprit de la musique traditionnelle est véhiculé par les guitares électriques, aux sonorités mandingues. Pour leur part, les cuivres trahissent l’influence de la rumba congolaise, elle-même inspirée par le jazz cubain. Le jazz cubain est justement né en majeure partie des esclaves africains, et le Bembeya le refait à la sauce mandingue.

L’histoire du Bembeya Jazz est aussi très liée à la politique culturelle volontariste et idéologique du Président Ahmed Sékou Touré, au lendemain de l’indépendance de la Guinée. Cette politique dite d’authenticité, qui avait pour ambition de définir l’identité nationale de la nouvelle Guinée indépendante, a fortement encouragé l’art et la culture du pays.  Le Bembeya Jazz s’est avéré un parfait ambassadeur dans le cadre de la construction de cette identité culturelle post-coloniale.

En effet, dès ses premiers concerts, le groupe a attiré l’attention de chasseurs de talent du gouvernement, et une de ses pièces s’est retrouvée sur une compilation intitulée « Sons nouveaux d’une nation nouvelle ». La formation a gagné quelques concours dans les années suivantes, et s’est même produite à Cuba en 1965, devant Fidel Castro. Ce triomphe dans un pays ami, la Guinée étant alignée sur le bloc communiste, ouvre la voie à une reconnaissance officielle. Ce sera fait en 1966, alors que le Bembeya Jazz deviendra le Bembeya Jazz National.

En 1973, le groupe subira un terrible coup dur, avec le décès tragique de son chanteur emblématique et fondateur, Aboubacar Demba Camara, dans un accident de la route à Dakar.

En 1977, le groupe participe au FESTAC 77, un festival des cultures et arts noirs et africains réunissant plus de 60 pays, à Lagos (Nigeria). C’est lors de cet évènement que les journalistes surnomment le guitariste du groupe, Sekou Dibaté, « Diamond Fingers » signifiant doigts de diamant en anglais, reconnaissant ainsi son immense talent. Sékou Diamond Fingers, aussi appelé Sékou Bembeya enGuinée, est incontestablement l’un des meilleurs guitaristes africains. Co-fondateur du groupe en 1961, il se distingue par sa manière unique et époustouflante de mélanger rythme, mélodie et harmonie.

Après des changements dans la composition du groupe, le Bembeya Jazz a repris une activité à la fin des années 1990.

Le groupe a reçu le 15 avril 2011, soit exactement le jour de son 50ème anniversaire, le prix du « Meilleur orchestre africain des 50 dernières années » lors de la 8e édition du festival des Tamani d’Or à Bamako, au Mali.

Le 25 mai 2011, le Président Alpha Condé honore le Bembeya Jazz par le Décret D/2011/163/PRG/SGG portant nomination d’Officiers et Chevaliers dans l’Ordre National du Mérite, dans les termes ci-dessous.

Article 1er : En reconnaissance de services éminents rendus à la République de Guinée pour l’émancipation et le développement de la culture et de la musique guinéennes et africaines, les membres de l’orchestre Bembeya jazz national dont les prénoms et noms suivent :

I Grade Officier

1 El Hadj Diaouné Hamidou, saxo bass, 1er Chef d’orchestre

2- El hadj Kaba Mohamed Ashken, trompette, 2ème Chef d’orchestre

3- El hadj Camara Sékou Legrow, trompette, Administrateur

4- M. Traoré Bangaly Gros Bois, saxo

5- M. Diabaté Sékou Bembeya, guitare solo, Chef d’orchestre

6- M. Kaba Salifou, 1er chanteur

7- M. Dorégo Clément, saxo ténor

A titre posthume, au Grade d’Officier

1- M. Camara Aboubacar Demba, 2ème chanteur

2- M. Camara Mamady dit Vieux, guitariste

3- M. Kouyaté Djélimory, guitare bass

4- M. Diabaté Siaka, tumba

5- M. Condé Mory Mangala, batteur

6- M. Camara Abou « Fantômas », batteur, contrebasse

II- Grade de Chevalier

1- M. Bavogui Kova, guitariste bassiste

2- M. Sidibé Mory « T.A.B », trompette

3- M. Kouyaté Nagna Mory, chanteur

4- M. Bah Youssouf, chanteur

5- M. Diabaté Kaba, guitariste

6- M. Diabaté Sékouba Bambino, chanteur

7- M. Bangoura Aboubacar, trompette

8- M. Moussa Touré, chanteur

9- M. Camara Fodé Salifou, trompette

10- M. Touré Abdoulaye, trombone

11- M. Camara M’Bemba, chanteur

12- M. Diabaté Mamady (Mognonko), chanteur

13- M. Diabaté Sékouba, guitare médium

14- M. Kaba Moriba, batterie

15- M. Diabaté Sidi, guitare rythmique

16- M. Diabaté Sidy, guitare bass

17- M. Diallo Sadou, saxo ténor

18- M. Diawara Layba, guitare accompagnement

A titre posthume

1- M. Sylla Boubacar « Tostao », toumba

2- M. Soumah M’Bady, saxo soprano

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